A ceux qui lui demandaient si elle était un garçon manqué, Anita Conti aimait répondre “Non, je suis une femme réussie !”.

Anita Conti à bord d’un navire utilisant son Rolleiflex
Née d’un père arménien et d’une mère française en 1899, Anita grandit dans un milieu privilégié qui lui permet dès son jeune âge de s’ouvrir au monde, au savoir et connaîtra un destin d’exception. Écrivaine, relieuse d’art, photographe et première femme océanographe, elle s’est crée une place à part dans l’univers très masculin de la pêche.
Anita Conti n’a pas de diplôme mais de l’audace. Dès 1935, elle embarque à bord du premier navire océanographique français, le Théodore Tisser puis quittera rarement les ponts des bateaux de pêche ou d’expédition. Elle rapporte de ses missions des rapports océanographiques, des articles qu’elle illustre à l’aide de son légendaire appareil Rolleiflex. Durant la guerre, elle est photographe de la Marine à bord des dragueurs de mines, puis s’engage aux côtés des pêcheurs africains dans le Golfe de Guinée où elle implante des stations de séchage de poissons et une pêcherie de requins pour mettre fin à la famine.
En 1952 elle embarque pendant plusieurs mois pour une campagne sur les bancs de Terre-Neuve à bord du chalutier Bois Rosé, une expérience dont elle tire un livre très remarqué « Racleurs d’Océans ». Anita fut ainsi la première à faire la lumière sur les enjeux de la surexploitation des océans. Sans jamais s’attirer la foudre des pêcheurs qu’elle photographie comme un reporter, avec des points de vue audacieux : plongées et contre plongées qui nous font vivre de l’intérieur la pêche en haute mer. Enjouée, éloquente, libre, Anita savait observer sans juger, honorer le dur labeur des gens de mer sans détourner le regard face à ses dérives. Pour ceux qui croisaient sa route, elle n’a jamais cessé d’être une source de réconfort et se forge une légende auprès des marins qui la surnomment La Dame de la mer.
Pour les navigatrices que nous sommes, Anita incarne une figure écologiste réconciliatrice, et représente une source d’inspiration infinie qui guide notre expédition à la rencontre des pêcheurs.
“Mes chouchous”, “C’est ainsi que vous aurait appelé Anita ! Elle aurait pris votre main et déclamé un poème d’après les lignes de votre paume. Elle l’aurait fait pour chacune d’entre vous !« . Laurent, qui l’ a accompagné dans les dernières années de sa vie, connaît mieux que personne son œuvre et son âme et nous régale de ses anecdotes et lectures. Nous sommes heureuses de pouvoir compter sur son précieux soutien !
- Racleurs d’océans, Anita Conti
- Géants des mers chaudes, Anita Conti
- L’Océan, les Bêtes et l’Homme ou l’ivresse du risque, Anita Conti
- La route est si longue avant la nuit, Anita Conti
- Les Terre-neuvas, Anita Conti
- Le Carnet viking – 70 jours en mer de Barents (juin-septembre 1939), Anita Conti
- Les Vaisseaux du Hasard, Anita Conti
- La dame de la mer – Anita Conti (1899-1997), photographe, Éditions Revue Noire
- La Normandie des photographes : Au nord de la Seine, de 1851 à nos jours Farid Abdelouahab et Pascal Servain
- « En mer avec Anita Conti », Le Monde, Michel Guerrin
- Anita Conti : 20000 lieues sur les mers, Catherine Reverzy
- Anita Conti : Portrait d’archives, Clotilde Leton,
- « Anita Conti, pionnière des océans », Bretagne magazine histoire, Clotilde Leton
- Anita Conti, José-Louis Bocquet et Catel Muller
- Anita Conti : la dame aux semelles de vent, Éditions des Falaises, 2024
- L’incroyable destin d’Anita Conti, pionnière de l’océanographie, Fleur Daugey et Laura Perez
Filmographie :
- Racleurs d’océans, d’Anita Conti
- Anita Conti, l’appel du large, de Frédéric Brunnquell
- Voyage de documentation de Madame Anita Conti, de Louise Hémon
- Anita Conti, une vie embarquée, de Marc Gourden
- Anita Conti, la dame de la mer, de Jean-Paul Lussaul
- Anita Conti, femme océan, de Babeth Si Ramdam
- Anita Conti et les Racleurs d’océans, de Gérard Vincent