Une nouvelle étude vient de confirmer ce que certains prédisaient depuis longtemps : la banquise arctique devrait disparaître complètement d’ici peu. L’étude indique même une date : 2035, et il n’y a rien que nous puissions faire pour l’éviter…
Chaque hiver, une épaisse couche de glace se forme sur les étendues de l’océan arctique. Selon les années et le froid ambiant, la couche de glace est plus ou moins importante. Pendant l’été qui suit, une partie de cette glace va fondre quand la température commence à remonter. Ce cycle, que nous pensions immuable, vient d’être complètement remis en cause par une étude parue dans la revue Nature Climate Change.
On y apprend ainsi que durant la période de -130 000 à – 116 000 ans avant notre ère, le climat était plus chaud qu’aujourd’hui. La Terre sortait alors d’une intense période glaciaire et entrait dans la période dite LIG (Last InterGlacial). On connaît parfaitement le phénomène qui a amené à ce changement climatique : l’évolution de la forme de l’orbite terrestre et l’inclinaison de l’axe de la terre. Il y a 130 000 ans, l’hémisphère Nord était en effet plus incliné vers le soleil et celui-ci recevait donc plus de chaleur, surtout dans les hautes latitudes. Résultat de cette situation, il faisait bien plus chaud qu’aujourd’hui, surtout dans la région arctique. En moyenne, la température y atteignait les 4 à 5 degrés Celsius (contre une moyenne de -25°C entre 1958 et 2012 et – 5°C cette année, d’après les relevés de l’institut météorologique danois). A noter que le niveau de la mer était, il y a 130 000 ans, au moins de 5,5 mètres plus haut que ce que nous connaissons aujourd’hui.
Les auteurs de l’étude parue dans Nature Climate Change, se sont donc penchés sur cette période lointaine afin de mieux comprendre ce qui risque de nous arriver, les températures actuelles s’approchant dangereusement de celles que l’on connaissait à l’époque.
Depuis 1979, on mesure avec précision et par satellite la taille exacte de la banquise. Et on constate sa fonte inexorable. D’après le NSIDC (Centre national américain de données sur la neige et la glace), la perte annuelle atteint 83 700 km2 depuis le début des années 80. Le 15 septembre 2020, la banquise a atteint son second plus bas niveau avec 3,7 millions de km2 (le record absolu datant de 2012). Dans les années 1980, la taille de la banquise en été dépassait en moyenne largement les 7 millions de km2… Pratiquement le double !
En étudiant ce qui était arrivé il y a 130 000 ans, Maria Vittoria Guarino, l’une des auteures de l’étude parue dans Nature Climate Change et par ailleurs climatologue à la British Antarctic Survey, tire une sonnette d’alarme : la fonte s’accélère et la disparition totale de la glace en été, pourrait avoir lieu au plus tard en 2035, soit… dans seulement quinze ans ! A noter que, pour les scientifiques, la disparition de la glace signifie que la taille de la banquise soit inférieure à 1 million de km2.
D’après l’étude, la température augmente deux fois plus vite en arctique que dans le reste du monde. L’augmentation y serait de 2 à 3 degrés Celsius depuis la période préindustrielle contre 1 degré pour l’ensemble de la planète. Mais ce qui est encore plus alarmant, c’est l’augmentation – toujours en arctique – de 0,75 degré Celsius au cours de la seule dernière décennie.
Sur place, ce changement a déjà fortement impacté l’environnement. La banquise côtière, première victime de la fonte accélérée, laisse un paysage désolé. Sa disparition ne protège plus les côtes des tempêtes et l’érosion devient un problème majeur pour nombre de villages.
Et ce n’est bien sûr pas tout : on a tous en mémoire les images des ours polaires affreusement amaigris et cherchant désespérément leur pitance dans les poubelles de ces mêmes villages, chassés qu’ils sont de la banquise où ils avaient l’habitude de vivre et de se nourrir. Et que dire des incendies gigantesques dont a été victime la toundra russe pendant l’été 2020 ? Il faut dire que le record absolu de chaleur a été atteint cet été en Sibérie avec un + 38°C totalement incroyable.
Mais cette fonte de la banquise devrait, toujours selon l’étude parue dans Nature Climate Change, avoir des effets bien au-delà du cercle polaire. La banquise renvoie les rayons du soleil et garde l’eau de l’océan arctique bien au frais. La différence entre cet océan, très froid, et ceux sous les tropiques, bien chauds, génère des vents et des courants océaniques qui régissent nos climats depuis toujours et ce, à l’échelle mondiale. La banquise disparue en été, l’océan arctique va se réchauffer et c’est tout l’équilibre du climat mondial qui va s’en trouver bouleversé.
Alors que faire ? Si on en croit l’étude parue sur Nature Climate Change, le miracle n’aura pas lieu et au plus tard en 2035, il n’y aura plus de glace – ou tout comme – en été en arctique. Cela devrait impliquer des changements majeures dans les climats de toute la planète et les conséquences ne sont pas encore toutes bien appréhendées. Mais s’il est acquis que la banquise va disparaître, nous pouvons encore agir pour éviter le pire, soit un réchauffement de plus de 2° Celsius de la planète qui lui sera cataclysmique…
Envie d’en savoir plus ?
Je m’inscris à la Newsletter
Ces effets du réchauffement font froid dans le dos.
Essayons tout notre possible pour le ralentir.