Les premières conclusions du 6e rapport du GIEC viennent d’être rendues publiques. Et comme tout le monde s’y attendait, ce n’est pas brillant. Ce rapport tire une sonnette d’alarme concernant le climat global sur la terre et les conséquences du dérèglement climatique, aujourd’hui reconnu par tous. Pourtant, l’urgence climatique n’est toujours pas à l’ordre du jour, dans aucun des grands pays industrialisés…
Le GIEC, c’est le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Depuis des années, un consensus scientifique – bien au-delà du GIEC – annonce la catastrophe vers laquelle nous nous précipitons. Et quasiment tout le monde est d’accord aujourd’hui pour dire que ce sont les activités humaines qui dérèglent le climat de notre petite planète.
Limiter le réchauffement à +1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle (l’un des objectifs de l’accord de Paris en 2015) pour la fin du siècle est aujourd’hui un vœu pieu. Il faudrait pour cela ne consommer « que » 400 milliards de tonnes de CO2 avant la fin du siècle. Et nous en consommons 40 milliards par an ! +1,5°C semble donc être une utopie irréaliste…
Aujourd’hui, nous en sommes à +1,1°C par rapport à 1850-1900. Une hausse inéquitablement répartie : +1,6°C sur les continents, +0,9°C sur les océans. Il faut aussi noter que chacune des quatre dernières décennies a toujours été la plus chaude jamais enregistrée depuis 1850…
Résultats ? Fonte des glaces et des glaciers, élévation du niveau de la mer (3,7 mm par an entre 2006 et 2018). Ces océans deviennent plus chauds, mais aussi manquent d’oxygène et sont plus acides, ce qui perturbent grandement la flore et la faune. Et on ne parle pas (encore assez) des pluies diluviennes, moussons plus intenses, sécheresses, canicules et ouragans majeurs bien plus nombreux…
Les cinq scénarios envisagés par le rapport du GIEC…
Les experts du GIEC sont formels : nos actions d’aujourd’hui n’auront des résultats concrets que dans la seconde moitié du siècle. Pour les 20 prochaines années, c’est déjà trop tard, quoiqu’on fasse !
Si l’augmentation de température à la fin du siècle est de 1,4° ; 1,8° ; 2,7° ; 3,6° ou 4,4° les scénarios seront totalement différents. Mais les experts estiment que l’augmentation de 1,5°C sera atteinte… dès 2040. Avec des conséquences très concrètes, comme des températures plus extrêmes, plus longtemps et dans plus de lieux. Les niveaux des océans pourraient s’élever de 0,3 à 1 mètre d’ici 2100 et jusqu’à 1,9 m d’ici 2150 dans le scénario le plus sombre. Mais cela est sans compter sur les « seuil de ruptures » envisagés pour la première fois par le rapport et qui pourraient créer un emballement du système, avec comme conséquence une élévation du niveau de la mer de 2 m en 2100 et 5 m en 2150…
Bref, c’est la cata !
Il va peut-être être de temps de réagir ?
Le jour de la parution du rapport du GIEC, il y a eu des articles et quelques émissions de télé ou radio pour alerter sur le danger vers lequel nous nous précipitons. Mais dès le lendemain, la couverture médiatique mondiale s’est à nouveau consacrée quasi exclusivement à la crise du Covid. Une vraie crise, réelle et importante, mais qui, à l’échelle du siècle et des enjeux que le rapport du GIEC annoncent, semblent un peu en décalage. Quant à la presse française, c’est sur le pass sanitaire – « va-t-on pouvoir aller boire une bière en terrasse ? » – et l’arrivée de Lionel Messi au PSG qu’elle a consacré l’essentiel de ses éditoriaux.
Marcherait-on sur la tête ?
Jean-Christophe Guillaumin