Vers moins de Soufre(nce) pour l’écosystème Méditerranéen.

Alors que le transport maritime continue de s’intensifier, les Etats du bassin Méditerranéen ont décrété la Mer Méditerranée zone SECA pour y limiter les émissions de particules fines. Concrètement, cette décision va engendrer une petite bulle d’oxygène pour la faune et la flore qui s’y trouvent.

Pollution des cargos
Photo DR

SECA, c’est quoi ?

Les SECA ou les NECA font partie des ECA (Emission Control Area). Pour les premières, il s’agit de restrictions sur les oxydes de soufre (SOx) ; pour les secondes, sur les oxydes d’azote (NOx). Ces deux émissions proviennent majoritairement des rejets des moteurs marins et donc du transport maritime.

Les zones d’émissions contrôlées ont vu le jour en 1997 dans l’annexe VI de la convention Marpol qui réglemente la pollution marine par les navires.  Cette régulation est entrée en vigueur en 2005, puis a été révisée en fonction des exigences environnementales nécessaires au maintien des écosystèmes marins.  Elles ont ainsi été divisées par 15 entre 2010 et 2015 passant de 1,5% m/m à 0,1%m/m [ndr. masse par masse] (en zones ECA) ; et divisées par 9 entre 2012 et 2020, pour atteindre 0,5%m/m (en zone non ECA). Aujourd’hui encore, les taux réglementaires sont sujets à discussion afin de préserver notre environnement.

Les ECA dans le monde

Depuis 2011, il existe quatre ECA dans le monde :
-En Amérique du Nord et dans la zone caraïbes des Etats Unis pour les émissions de Soufre (SOx), d’azote (NOx) et de particules (COV).
-En Mer Baltique et en Mer du Nord pour les émissions de Soufre (SOx). Ces deux zones sont également devenues NECA depuis le 1er janvier 2021.

Les SECA existantes et futures dans le monde

A ces zones s’ajoutent depuis 2010 – et ce n’est pas des moindres – tous les ports de l’Union Européenne, où les bateaux à quai ou au mouillage pendant plus de 2h doivent utiliser des fiouls limités en teneur en soufre à 0,1%m/m

Et la « petite » dernière est la Méditerranée qui deviendra SECA dès 2025. Cet accord entre les différents états du littoral méditerranéen a été officialisé lors de la COP22 de la Convention de Barcelone. Cette décision clôt 5 ans de discussions inter-états pour une zone qui s’étendra de Gibraltar à la limite de la zone d’attente du canal de Suez en Méditerranée. La France était précurseure dans cette décision puisqu’elle avait commencé à militer dès 2017. Mais pour prendre vraiment sens, il était nécessaire de ratifier l’ensemble des états du bassin. C’est désormais chose faite et le dernier pas à réaliser reste l’adoption officielle par l’OMI. Pour ne pas s’arrêter sur une si bonne lancée, les discussions ont déjà été ouvertes sur une potentielle zone NECA. La réponse dans quelques années.

Cet accord pourrait sembler minime. Pourtant, cette décision pose les bases de ce futur, où la question environnementale dictera les règles du commerce international.

Un impact notable ?

Concrètement,  de ces restrictions découlent l’utilisation de fiouls particuliers dans les zones concernées. Et à la clé, c’est un air plus pur. Cet accord est d’ailleurs inédit en termes d’entente internationale et de santé publique. Il devrait aboutir à une réduction de 80% des émissions de particules fines et ultrafines pour la zone concernée.
Pour les armateurs, les ECA imposent de développer des carburants alternatifs. Par exemple, la diminution des quotas de soufre de 2015 a conduit à l’apparition de nouveaux grades de fiouls marins, plus légers que les précédents.
De façon plus large, de telles restrictions vont également rendre les investissements dans la propulsion vélique rentable.  Reste à espérer que les différentes entreprises du milieu joueront le jeu. 

Drone renifleur de l'agence européenne de sécurité maritime. Photo DR
Drone renifleur de l’agence européenne de sécurité maritime. Photo DR

Dans cette optique, la direction des affaires maritimes du ministère de la Mer a ajouté sa pierre à l’édifice.  Elle utilise un drone renifleur dans la zone du CROSS Gris-Nez. Le but est de contrôler les émissions des bateaux qui passent dans le détroit du Pas de Calais, zone de navigation la plus intense au monde.
Si les mesures dépassent les quotas autorisés, les navires sont ensuite contrôlés à quai. Le capitaine du navire encourt un an de prison et des amendes allant jusqu’à 200.000€, de quoi décourager les plus téméraires et aller vers un environnement plus respirable et un peu moins de soufre.nce pour les écosystèmes marins.

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