L’organisation de l’épreuve de surf sur le site mythique de Teahupo’o à Tahiti pour les Jeux Olympiques 2024 a fait couler beaucoup d’encre. Suite aux manifestations de mouvements en faveur de l’environnement, un accord a enfin été trouvé concernant l’implantation d’une nouvelle tour des juges. Une petite victoire pour la faune et la flore marine. Mais aussi des questions sur l’impact de ce genre de manifestations sur les écosystèmes fragiles.
Les enjeux du site de Teahupo’o pour les JO
Lorsque le comité des JO Paris 2024 a décidé de présenter le surf comme discipline olympique, l’objectif était d’offrir un “spectacle sportif à couper le souffle”, peut-on lire sur le site officiel. La vague de Teahupo’o à Tahiti est en effet l’une des plus exigeantes et sélectives au monde. L’ambition était également “d’associer les Outre-mer et leurs populations aux Jeux olympiques – pour la première fois de l’histoire – tout en valorisant la diversité et la richesse du patrimoine français”.
Le site est déjà mondialement célèbre. La vague de Teahupo’o est une étape importante du championnat du monde de surf professionnel (World Championship Tour – WCT). De plus, chaque année, au mois d’août, se déroule le Tahiti Pro Teahupo’o, un événement de surf organisé par la World Surf League, très prisé par des surfeurs professionnels de renom tels que Kelly Slater, John John Florence ou Gabriel Medina.
Mais pour envisager une épreuve de l’envergure des JO à Tahiti, il fallait reconstruire la tour des juges. Actuellement en bois, elle ne respecte plus les normes de sécurité. Dans le projet initial, les organisateurs avaient prévu une nouvelle tour en aluminium de 14 tonnes, pouvant accueillir jusqu’à 40 personnes.
Un accord majeur… pour l’environnement
Dès l’annonce de la construction de cette nouvelle tour en octobre 2023, une manifestation pacifique a réuni plus de 500 personnes sur l’île. Des acteurs locaux et des associations environnementales se sont opposés à la construction de cette nouvelle tour, arguant que les travaux impacteront immanquablement les fonds marins et notamment les coraux qui se sont formés à cet endroit.
Après d’âpres discussions, un accord a été trouvé entre le gouvernement polynésien et les organisateurs. La nouvelle tour des juges sera réduite à 9 tonnes, pour 25 personnes maximum et pour une superficie équivalente à la tour actuelle. De plus, les fondations seront insérées dans les intervalles des fondations actuelles pour ne pas dégrader davantage les fonds marins. Mais les premiers tests n’ont pas été concluants et des coraux ont été brisés. Après un nouvel épisode d’incertitude, durant lequel plusieurs spots de métropole se sont empressés de se porter candidats, le gouvernement polynésien a confirmé en décembre 2023 que la compétition pourrait bien avoir lieu sur le site de Teahupo’o.
Mais quel rôle jouent les vagues qui arrivent sur le littoral ?
Alors si cette affaire de la tour des juges parait anecdotique, il faut tout d’abord comprendre comment se forme la houle et son rôle dans l’écosystème du littoral. Cette ondulation régulière à la surface de l’eau prend naissance au large grâce au vent qui souffle à la surface, et selon la puissance de ce vent, sa durée, et la distance à parcourir jusqu’aux côtes, la houle va se propager plus ou moins fortement. Lors de son voyage, elle va se frotter aux fonds marins, ralentir et gagner en hauteur, pour enfin former des vagues à l’approche du littoral.
En quelque sorte, la houle agit comme une respiration de l’océan et dans son voyage, l’onde qu’elle produit va brasser les fonds. Elle fait donc bouger les sédiments et ramène les micro-organismes comme le plancton, indispensable maillon de la chaîne alimentaire marine, vers les côtes. C’est ainsi que les eaux côtières deviennent des écosystèmes riches et diversifiés.
Alors, encore une fois, cette affaire de la tour des juges souligne qu’il est important que l’homme prenne en considération toutes les composantes de l’environnement qui lui sert de terrain de jeu. C’est pourquoi la création de “réserves de vagues” peut s’avérer être une solution intéressante pour la préservation de l’hydrodiversité des zones côtières, comme le montre cette étude présentée à l’Université d’Orléans.
Pour en savoir plus sur les actions des surfers en faveur de l’environnement : Lire notre article