L’information a fait le tour du monde : on a retrouvé l’Endurance, le célèbre bateau de l’explorateur Ernest Shackelton. 107 ans après son naufrage, le bateau est dans un état de conservation qui interpelle et pose question, à l’heure où de plus en plus d’acteurs envisagent l’exploitation des terres polaires…
Une odyssée légendaire
Août 1914 : Ernest Shackelton et son équipage de 27 hommes, 69 chiens, un chat embarquent à bord de l’Endurance. L’objectif ? Être les premiers à traverser l’Antarctique de la mer de Weddell à la mer de Ross. Le périple de 2900 km dans l’un des coins les plus inhospitaliers de la terre a de quoi faire frémir.
Pour trouver les hommes qui lui faut, Sir Ernest (il a été anobli en 1909 pour une précédente exploration polaire) fait passer une petite annonce devenue légendaire :
“Recherche des hommes. Pour un voyage dangereux. Petit salaire, froid intense, longs mois dans la nuit polaire, danger constant. Retour non assuré. Mais honneur et reconnaissance en cas de succès. Contacter Ernest Shackelton – 4 Burlington st.”
La fameuse petite annonce qui fait quand même froid dans le dos. Ils ont été pourtant plus de 5000 à y répondre.
Pris par les glaces
Le 19 janvier 1915, l’Endurance est pris par les glaces. Il ne bougera plus ! L’équipage sait qu’il doit hiverner à bord et prend son mal en patience.
Le 27 octobre 1915, soit plus de 9 mois après avoir été bloqué par la banquise, l’Endurance se brise sous les yeux de l’équipage… Ils sont loin de tout et ils n’ont aucun espoir d’être secourus.
L’épopée fantastique
La suite est entrée dans la légende des exploits les plus incroyables. Shackelton n’a plus qu’un seul but, ramener son équipage sain et sauf en terre habitée. Et le plus fou, c’est qu’il va y parvenir, au prix d’efforts inimaginables.
Le 30 août 1916, dix mois après avoir abandonné l’Endurance, l’équipage est sauvé. Ils ont tous survécu…
107 ans plus tard
Le 9 mars 2022, l’Endurance a été retrouvée par 3000 mètres de fond dans la mer de Wedell. Ce qui est frappant, ce n’est pas tant d’avoir retrouvé l’épave, que son incroyable état de conservation.
«C’est de loin la plus belle épave de bois que j’ai jamais vue. Elle se tient droite, très fière sur le fond marin, intacte, dans un fantastique état de préservation. On peut même lire son nom Endurance inscrit en arc de cercle sur la poupe…»
C’est ce qu’a déclaré Mensun Bound, directeur de l’expédition d’exploration organisée par le Falklands Maritime Heritage Trust.
Ainsi donc, dans ces eaux lointaines et glacées, un navire en bois a pu se conserver parfaitement pendant plus de 100 ans. On peut dès lors se poser objectivement la question : Qu’en est-il des rejets, déchets et autres objets laissés par les “touristes” des Pôles ? (voir notre article sur les croisières au Pôle Nord).
On aimerait penser que finalement, la résurgence de l’Endurance est le dernier clin d’œil de Sir Ernest pour qu’enfin, on se mobilise pour protéger les Pôles de toute activité humaine…