Un traité international sur la pollution plastique

Il y a tout juste un mois s’achevaient des négociations sous l’égide des Nations unies pour aboutir à un traité international sur la pollution plastique. Cette idée, lancée initialement par le WWF, la fondation Ellen MacArthur et le Boston Consulting Group, montre que chaque initiative peut mener à des actions concrètes au niveau international lorsque l’on s’y met tous ensemble.

Le plastique en quelques chiffres

Rappelons tout d’abord que l’utilisation du plastique, même s’il est présent partout dans nos vies aujourd’hui, est une mode assez récente. Comme le montre le graphique ci-dessous, ce n’est qu’à partir des années 60 que le plastique a commencé à s’inviter dans nos foyers.

Graphique tiré du rapport « The Business case for a UN treaty on plastic pollution »

Ses propriétés uniques (léger, résistant, modulable, isolant, facile à nettoyer) ainsi que son faible coût de production en ont rapidement fait une matière incontournable pour les industriels. La production de plastique est ainsi passée de 2 millions de tonnes en 1950 à 348 millions de tonnes en 2017 !

Ce qui est encore plus dramatique dans cette histoire, c’est qu’environ 11 millions de tonnes de plastique sont rejetées dans nos océans chaque année (parfois jusqu’à plusieurs kilomètres de profondeur comme nous l’avions vu dans une vidéo de l’Ifremer).

La Fondation Ellen MacArthur

Les gens de mer que nous sommes avons eu un œil particulièrement attentif au travail fantastique d’Ellen MacArthur dans ce domaine. Fondatrice de l’organisation à but non lucratif « Ellen MacArthur Foundation », la navigatrice aux multiples records s’est donnée pour objectif de lutter en faveur d’une économie circulaire. Elle s’oppose ainsi au modèle de développement linéaire actuel, dont la devise « Extraire, Fabriquer, Jeter » a clairement atteint ses limites.

La fondation indique que l’économie circulaire permettrait :

  • Une réduction de plus de 80 % le volume de plastique entrant dans les océans d’ici à 2040
  • Une réduction de 55 % la production de plastique vierge
  • Une économie de 70 milliards de dollars aux gouvernements d’ici à 2040
  • Une réduction de 25 % les émissions de gaz à effet de serre
  • La création de 700 000 emplois supplémentaires (principalement dans les pays du Sud)

Ellen Mac Arthur précise que ce problème est à traiter à l’échelle mondiale : « Faire face à la crise de la pollution plastique nécessite une approche concertée pour créer une économie circulaire du plastique. Un traité mondial sur la pollution plastique complèterait et renforcerait les actions volontaires existantes. »

Le manifeste pour un traité international sur la pollution plastique

C’est dans cette optique Qu’Ellen MacArthur a décidé de publier un « manifeste pour un traité sur la pollution plastique » auquel de grands groupes industriels ont adhéré sur la plateforme www.plasticpollutiontreaty.org

En parallèle, la pétition de WWF (dont la Présidente en France n’est autre qu’Isabelle Autissier, encore une grande navigatrice !) a reçu plus de 2,2 millions de signatures citoyennes. 

Ces actions conjointes avaient pour objectif d’inciter les 175 États membres des Nations Unies à voter le 3 mars dernier en faveur d’un traité international juridiquement contraignant pour endiguer la pollution plastique. C’est désormais chose faite et le traité devrait voir le jour d’ici 2024.

©Von Wong Production 2021 – www.TurnOffThePlasticTap.com. L’artiste Benjamin von Wong a réalisé pour le sommet onusien une oeuvre intitulée “Turn off the plastic tap”. Ce robinet de 9 mètres de haut est composé de déchets plastiques récupérés à Kibera, le plus grand bidonville de Nairobi.

Conclusion

Ce qu’il faut retenir de cette initiative, c’est que le consommateur peut faire la différence en orientant ses dépenses vers les marques les plus respectueuses de l’environnement. Il les pousse ainsi à faire mieux chaque jour ou à s’engager auprès d’ONG comme cela a été le cas ici. Il peut aussi simplement faire valoir ses opinions au travers d’une signature citoyenne, comme nous l’avions aussi vu dans l’initiative citoyenne contre le commerce d’ailerons de requins). 

Et si ces initiatives à impact étaient finalement la clé pour changer notre monde ? Quand on s’y met tous ensemble, il semblerait bien que cela fonctionne…

Pour signer la pétition WWF : https://www.wwf.fr/vous-informer/actualites/pollution-plastique-a-qui-la-faute

Sources : https://ellenmacarthurfoundation.org/towards-a-un-treaty-on-plastic-pollution, https://wwf.panda.org/, www.lemonde.fr, www.nationalgeographic.fr, https://www.unep.org/, https://blog.vonwong.com/turnofftheplastictap/

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