L’Océan austral : A peine reconnu, déjà menacé…

En juin dernier, les cartographes de la National Geographic Society ont reconnu l’Océan austral comme le cinquième océan de la planète. Un événement qui pourrait paraître anodin. Mais qui comporte en réalité une grande avancée scientifique. Malheureusement, le réchauffement climatique, la pollution ou l’exploitation humaine n’épargnent pas ce “nouvel océan” glacial, bien que très éloigné des terres habitées.

Un événement scientifique

Les géographes ont longtemps débattu pour savoir si l’Océan austral méritait sa propre appellation. En effet, chaque océan sur la planète possède ses propres spécificités. Et jusqu’à lors on considérait que les eaux entourant le pôle sud n’étaient que le prolongement glacé des quatre autres océans. En février 2021, L’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA) avait déjà reconnu cette zone de 20 millions de km2 comme un océan à part entière. Il aura fallu attendre encore quelques mois pour qu’il soit baptisé “Océan austral”.

Les frontières de l’Océan austral englobent toutes les eaux autour de l’Antarctique jusqu’au parallèle du 60e degré Sud, à l’exception de la mer de Scotia et le détroit de Drake.

Les frontières de l’Océan austral (National Geographic)

Cet océan représente près d’un quart de la surface du globe. Et parmi ses différentes spécificités, on peut noter qu’il est défini par le “courant circumpolaire antarctique”. Les eaux y sont plus froides et moins salées que celles plus au nord. Ce courant joue un rôle crucial dans l’équilibre des températures des océans. Il transporte plus d’eau que n’importe quel autre courant sur la planète. Il aide également au stockage du carbone dans le plancher océanique, grâce aux flux plus froids qui plongent vers les profondeurs. Par ailleurs, il est le seul océan à être en contact avec les quatre autres. Et il entoure totalement un continent, plutôt que d’être délimité par les terres.

L’Océan austral un espace en danger

Loin d’être un désert de glace, l’Antarctique et son océan abritent des milliers d’espèces endémiques. On y trouve des baleines, des manchots, des oiseaux de mer, ou encore du krill qui soutient tout l’écosystème de la région. Mais quelles sont les principales menaces pour cet écosystème fragile ?

Groupe de manchots (Pexels.com)

Tout d’abord, le réchauffement climatique. Une étude publiée en janvier 2021 dans la revue “Nature Communications”, reprend les résultats de 25 années de recherches sur l’évolution des températures en Antarctique. En effet, depuis 1992, le brise-glace français “l’Astrolabe” a déployé plus de 10 000 sondes pouvant mesurer les températures jusqu’à 800 mètres de profondeur. Et si un léger refroidissement des eaux en surface a été constaté dans les zones périphériques, celui-ci cache en réalité un réchauffement en profondeur qui constitue une menace pour la calotte glaciaire. Dans certaines régions de l’Antarctique, des glaciers ont perdu jusqu’à 25 mètres par décennie.

Ensuite, l’exploitation humaine des ressources halieutiques dans la région joue également un rôle important dans la fragilisation des écosystèmes. Certaines compagnies hostiles aux mesures de conservations considèrent l’Océan austral comme une nouvelle zone d’opportunité. Et de plus en plus de bateaux de pêche arrivent dan la région. Par ailleurs, certains rêvent aussi de pouvoir entreprendre l’exploration pétrolière ou minière dans la région…

Enfin, la pollution est le troisième fléau de l’Océan austral. Les micro-plastiques envahissent littéralement certaines zones (voir notre article). Des milliers d’animaux en ingèrent chaque année. Lorsqu’il ne se retrouvent pas piégés dans des filets de pêche. Ces derniers sont la cause de nombreux décès, selon l’organisation internationale WWF.

Les aires marines protégées, la solution ?

De nombreuses voix s’élèvent pour la création des “aires marines protégées”, mais la signature des accords internationaux tardent. Robert Calgagno, Directeur Général de l’Institut océanographique, avait appelé dès 2013 à préserver “l’un des derniers espaces sauvages de notre planète bleue”. Pour sa part, la National Geographic Society espère aujourd’hui que, grâce à cette nouvelle reconnaissance de l’Océan austral, des opérations de protection de l’environnement pourront plus facilement être menées à bien.

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