© Ifremer. Michel Gouillou

2 200, la profondeur en mètres…

2 200: la profondeur en mètres à laquelle nos déchets plastiques ont pu être filmés.

Vous êtes-vous déjà demandé à quoi ressemblait le fond de nos océans ? Allez-y, fermez les yeux et imaginez que vous êtes au fond d’un abysse à plusieurs kilomètres en dessous du niveau de la mer. Que voyez-vous ? 

L’imaginaire commun, celui que nous nous sommes construit entre le dernier reportage dominical sur ARTE et la fiction des films hollywoodiens, nous projette généralement dans un monde de silence, presque secret, préservé de toute activité humaine et dans lequel se baladent quelques animaux marins encore non recensés par les scientifiques. 

Comme vous avez pu le comprendre, cette image d’Épinal s’éloigne petit à petit de la réalité. Ce qui se trouve au fond de nos chers océans aujourd’hui, c’est l’amas de nos déchets terrestres qui s’amoncellent chaque jour un peu plus dans les canyons sous-marins.

Du plastique filmé à plus de 2 000 mètres de profondeur 

L’Ifremer a mené récemment une expédition sous-marine entre la Côte d’Azur, Monaco et l’Italie dans le cadre d’une étude pour la revue Science of the Total Environment. Grâce à son submersible “Victor 6000”, l’institut a pu filmer là où personne n’était encore allé, à 2 200 mètres de profondeur. 

La vidéo montre en une minute l’un des 7 canyons de cette zone où se sont accumulés sacs plastiques, seaux de plage et gobelets par dizaines. 

« Ces déchets urbains sont dominés par les plastiques. Les canyons jouent un rôle de conduit, les déchets descendent vers les grands fonds sous l’effet des courants marins.», explique Michela Angiolillo, chercheuse à l’ISPRA et auteur principale de la publication. 

Du visible à l’invisible

L’étude ne se contente pas de la partie “visible” de l’iceberg. Grâce aux échantillons prélevés jusqu’à 2 200 mètres de profondeur, l’Ifremer révèle également que la totalité des sédiments analysés présentent des teneurs significatives en micro plastiques (ces fameuses particules de plastique inférieures à 5mm). Assez anxiogène quand on sait que l’Ifremer avait fait le même constat dans une autre étude menée en partenariat avec Fabrice Amedeo lors du dernier Vendée Globe.

Un nettoyage impossible 

Le problème de cette pollution invisible, cachée au fond de nos océans et bien loin de nos regards, c’est qu’elle est impossible à nettoyer ou à recycler. Ces tonnes de déchets qui s’amoncellent n’ont aucune chance d’être remontées à la surface un jour. Selon Michela Angiolillo, la conclusion de l’étude est sans appel : « il faut réduire les déchets à la source, car il est absolument impossible d’aller ramasser tous ces déchets à de telles profondeurs ».

La solution est donc simple en théorie : arrêter toute production de produits plastiques et tendre vers la production de produits recyclables. Mais qu’en est-il dans la pratique ?

La fin du plastique jetable, une première étape

En France, le décret n° 2020-1828 du 31 décembre 2020 précise que « la mise à disposition des produits en plastique à usage unique, telle que prévue par la loi, est progressivement interdite ». Les stocks commandés avant 2021 pourront être écoulés jusqu’au 1er juillet 2021. Ce décret précise la liste des produits concernés, par exemple :

  • Les gobelets et verres en plastique ou composés en tout ou partie de polystyrène expansé ;
  • Les assiettes en plastique, même si elles ne sont composées que partiellement de plastique ;
  • Les pailles ;
  • Les confettis en plastique.

L’article 77 interdit aussi :

  • La distribution gratuite de bouteilles en plastique dans les lieux recevant du public ou à usage professionnel ;
  • La fabrication et l’importation de sacs en plastique à usage unique.

Les prochaines étapes sont détaillées dans le dossier de Vie publique consacré à la fin du plastique jetable. En effet, d’autres produits en plastique à usage unique seront interdits dans les années à venir :

  • Au 1er janvier 2022, les sachets de thé en plastique et les jouets en plastique distribués gratuitement dans les fast-foods ;
  • Au 1er janvier 2023 : la vaisselle jetable dans les fast-foods.

A l’avenir le plastique ne sera donc plus dans nos assiettes, si ce n’est peut-être dans le poisson que l’on mange ?

Crédit photo: © Ifremer. Michel Gouillou

Partager sur :

AUTRES ARTICLES