La posidonie est une espèce protégée en Méditerranée. Mais que sait-on de cette plante aquatique millénaire ? Pourquoi est-ce si important de la préserver ?
Posidonia Oceanica
Souvent appelée “pelote de mer”, “chiendent marin” ou encore “paille-de-mer”, la posidonie est une plante marine endémique de Méditerranée. Son nom est inspiré du dieu grec de la mer “Poseidon”. Elle s’étend sous forme d’herbiers jusqu’à 40 mètres de profondeur, notamment sur le littoral de Corse, de Provence et de la Côte d’Azur. Contrairement à ce que son aspect peut laisser penser, il ne s’agit pas d’une algue mais bien d’une plante à fleur marine. Elle est donc enracinée dans le sol et se reproduit grâce à des fruits qui ressemblent à de petites olives. Cependant, sa croissance est extrêmement lente. Elle ne s’étend que de quelques millimètres par an, soit environ un mètre par siècle !
Outre la posidonie méditerranéenne, on compte entre quatre et huit espèces cousines qui peuplent les côtes australiennes et néo-zélandaises. Selon The Sydney Morning Herald, en juin 2022, des analyses génétiques ont pu déterminer qu’un herbier marin, de l’espèce Posidonia australis, constituait le plus grand organisme vivant sur la planète. S’étendant sur près de 180 km de long et couvrant 200 km2 de fonds marins, cet herbier n’est issu à l’origine que d’une seule plante. Celle-ci s’est ensuite étendue par clonage sur une période estimée à 4 500 ans !
En Méditerranée, un herbier a été daté entre 80 000 et 200 000 ans, ce qui en fait l’organisme vivant le plus vieux de notre planète.
Les vertus de la posidonie
En tant qu’organisme vivant, il peut paraître naturel de protéger cette espèce. Mais quels sont les formidables atouts de la posidonie ?
Tout d’abord, la posidonie agit comme un véritable puits de carbone. Grâce à la photosynthèse, elle emmagasine le carbone dont elle stocke une grande partie dans le sol. Selon les scientifiques, elle permet de fixer de 11 à 42% du carbone émis par les pays méditerranéens depuis la Révolution industrielle. A titre de comparaison, la posidonie capture près de 3 fois plus de carbone que la forêt amazonienne. Soit 83 000 tonnes par kilomètre carré contre 30 000 pour un kilomètre carré de forêt tropicale.
De plus, Selon une étude de l’Institut méditerranéen de recherche avancée (IMEDEA), on considère plus précisément qu’un mètre carré d’herbier de posidonie libère de 14 à 20 litres d’oxygène par jour. Cela équivaut à la production d’un hectare de forêt et c’est ce qui lui vaut le surnom de “poumon de la Méditerranée”.
Par ailleurs, les herbiers de posidonie sont un abri pour de nombreuses espèces marines. Ils forment de véritables écosystèmes où certaines espèces de poissons ou de crustacés trouvent de quoi manger. Mais ils permettent aussi de favoriser le frayage. C’est-à-dire la reproduction des poissons, amphibiens, mollusques et crustacés. A ce titre, c’est 25% des espèces méditerranéennes qui l’utilisent comme nurserie.
Enfin, la posidonie agit comme un purificateur d’eau et un stabilisateur du plancher océanique. Elle protège ainsi les plages de l’érosion.
Les menaces qui pèsent sur la posidonie
Maintenant que nous avons bien compris à quel point la posidonie est importante pour la vie sur Terre, il convient d’identifier les dangers auxquels elle doit faire face.
Bien entendu, le réchauffement climatique, dont l’homme est en partie responsable, a un impact important. Bien que très résistante, elle semble de plus en plus souffrir de l’augmentation des températures et d’événements climatiques extrêmes.
Mais c’est l’activité humaine directe qui est la plus destructrice. Les ancres des bateaux de plaisance sont un premier fléau qui impacte directement les herbiers de posidonie. Naviguant dans les eaux cristallines proches des îles méditerranéennes ou dans les calanques du Sud de la France, les plaisanciers arrachent en quelques minutes de grandes quantités de posidonie. Alors même qu’elle a mis plusieurs siècles voire plusieurs millénaires à pousser.
La pêche au chalut a aussi sa part de responsabilité. En raclant les fonds, certains chaluts emportent des dizaines de mètres carrés de posidonie. Ils causent ainsi des dégâts irréversibles et libérent du même coup des tonnes de CO2 dans l’atmosphère.
Enfin, selon le Centre de ressources des espèces exotiques envahissantes, l’introduction accidentelle en Méditerranée de l’algue verte Caulerpa taxifolia, une espèce envahissante tropicale, a également déstabilisé tout l’écosystème méditerranéen.
Des mesures de protection importantes
Si l’information est le premier degré de prise de conscience pour la protection d’une espèce marine, elle n’est évidemment pas suffisante. Et nous voulons souligner ici les efforts qui ont déjà été consentis. Tout d’abord, la France a mis en place de nombreuses aires marines protégées tout le long de la côte méditerranéenne. Mais l’Etat est allé encore plus loin en 2021 en interdisant aux yachts de plus de 24 mètres de jeter l’ancre dans les zones fragiles.
Les parcs nationaux de France jouent également un rôle important d’information et de sensibilisation. Ainsi, le Parc national des Calanques à Marseille a édité des informations très claires sur les réglementations en mer et met gratuitement à disposition des plaisanciers une carte marine détaillée et une carte interactive permettant de profiter pleinement des paysages magnifiques sans abîmer les fonds. Les actions du Parc national des Calanques sont menées également en étroite collaboration avec les centres marseillais de formation au permis côtier qui ont intégré tout un volet sur la préservation de l’environnement dans leurs programmes.
Ainsi, poursuivons nos efforts pour protéger la posidonie (ainsi que les herbiers présents sur les autres façades maritimes), ne serait-ce que par respect pour son grand âge, sa patience et tous les bienfaits qu’elle dispense autour d’elle !
