A la suite de notre article sur la pêche industrielle, découvrez dans cette article l’association Bloom, qui oeuvre pour une pêche durable.
Bloom est une association fondée en 2005 par Claire Nouvian. Elle vise la préservation de la biodiversité, des habitats marins et du climat. Constatant la surexploitation et la pollution des océans, notamment dû à des méthodes de pêches destructrices, Bloom a fait de la pêche industrielle son fer de lance. Usant de tous les moyens à sa disposition, c’est à travers de vastes mobilisations que Bloom se bat pour remettre au centre des débats l’importance d’inventer un lien durable entre les humains et la mer.
Des actions engagées…
La recherche, la pédagogie et le tribunal sont les trois leviers de l’association Bloom. Ces trois axes fonctionnent ensemble.
Grâce à ses recherches, Bloom développe des arguments irréfutables sur les causes des dérèglements océaniques. L’association les utilise ensuite pour informer le monde et pour interpeller les élus sur leurs engagements ou les absurdités en cours. Bloom a ainsi déjà réalisé plusieurs mobilisations citoyennes. Parmi celles-ci, on compte des interpellations sur la pêche électrique, sur la pêche profonde et sur le secteur de la petite pêche. Ces mobilisations sont de grandes envergures et visent à fédérer le plus de personnes possibles.
Mais Bloom effectue également une vieille en “eau profonde”. Celle-ci porte sur les agissements illégaux des lobbies de la pêche industrielle. En novembre dernier, Bloom a par exemple mis en lumière le passage de Madame Anne France Mattlet de son poste au gouvernement (Chargée au sein de l’administration française de la gestion et du contrôle des flottes françaises pêchant le thon en Afrique), à celui de directrice du « groupe thon » du puissant lobby européen de la pêche industrielle Europêche . Or d’après l’article 432-13 du Code pénal, il est interdit à toute personne ayant exercé une fonction publique de rejoindre le privé, pour travailler sur les dossiers dont elle avait la responsabilité, avant l’expiration d’un délai de trois ans suivant la cessation de ses fonctions. Depuis, une enquête a été ouverte par le Parquet National Financier.
Vous pourriez penser que ce genre de situation est exceptionnelle. Pourtant, elles sont courantes. Mais peu d’entre nous en ont connaissance. A travers cette veille législative, Bloom aide donc l’ensemble des citoyens à les débusquer. Cela fait partie de la pédagogie qu’ils veulent partager au plus grand nombre.
Pour Bloom, il ne s’agit enfin pas uniquement de baisser nos consommations. Il est nécessaire que chacun possède une culture océanique dans les grandes lignes pour poser des choix responsables. Mais pour cela, il est nécessaire que nous changions notre rapport au vivant.
« Ce qu’il y a dans l’océan a beaucoup disparu, et continue de disparaître à cause de l’intensité de la pêche industrielle. Si on réussit à admettre ceci, c’est gagné. Car on peut ensuite comprendre comment s’adapter, comment se détourner de cette consommation, comment arrêter d’avoir du poisson comme une commodité. » Claire Nouvian
… basées sur des motivations profondes…
La vision de Bloom est de refuser ce que nous proposent les puissants lobbies de la pêche industrielle. En remettant le vivant au cœur de nos considérations, il nous est permis de rêver à un monde où l’océan se repeuplerait aussi bien en quantité qu’en diversité d’espèces. Pour se confronter à ces lobbies, il est primordial de mettre en avant les richesses des écosystèmes océaniques.
Nous savons peu de choses de la vie dans les océans. Nous avons encore beaucoup à découvrir. C’est pour ceci que l’un des leviers d’actions de l’association est la recherche. Celle-ci a pour vocation de découvrir les richesses de la biodiversité marine. A titre d’exemple, à 2500m de profondeur, il y a de la vie indépendante des cycles solaires. Et c’est une découverte récente qui remet en question nombre de conclusions sur les conditions de vie sur Terre.
En mettant en lumière ces espèces, nous ouvrons la porte aux nouvelles découvertes. Et ce sont ces découvertes qui pourraient justifier un contrôle bien plus drastique de la pêche industrielle. Nous remettrions ainsi du lien dans le rapport à la pêche. Et cela pourrait favoriser les pêcheurs artisanaux locaux.
… dans une situation d’urgence
Nous faisons face aujourd’hui à un point critique de notre histoire. Le réchauffement climatique est à notre porte, tout comme l’éradication de nombreux écosystèmes marins. Si nous fermons les yeux aujourd’hui, ce ne sont pas seulement des espèces animales et végétales que nous mettons en danger, c’est également notre propre subsistance. L’océan est non seulement irremplaçable pour l’équilibre climatique. Mais il est également un garde-manger primaire dans de nombreux pays, où la pêche artisanale représente aussi un secteur d’emploi majoritaire. Ne pas mieux réglementer la pêche industrielle, c’est tout simplement enlever à ces pays leurs moyens de subsistance.
Pour le moment, ces crises ne touchent pas encore tous les consommateurs, notamment dans les pays occidentaux. Mais une fois qu’il n’y aura plus de poissons, la situation sera la même pour tout le monde, dans les pays dit du Nord ou dit du Sud…
Alors ouvrons les yeux et choisissons vraiment ce que nous voulons trouver dans notre assiette !
Bloom veut dire fleurir, s’épanouir en anglais. Dans les océans, la période du Bloom correspond à un développement rapide du phytoplancton, créant ainsi le premier maillon de la chaîne alimentaire des océans. Mais ce bloom peut être altéré par nous autres, être humains. Et ce, à travers nos activités de surpêche, de pollution. Ces blooms peuvent alors se transformer de manière néfaste. Et peuvent par exemple aboutir à la prolifération d’algues toxiques couvrant de grandes zones géographiques et asphyxiant des écosystèmes entiers.
Et notre logo est un petit calamar cochonnet. C’est une des espèces des profondeurs, un être vivant minuscule qui nous est complètement inconnu. Et il regarde en arrière pensant qu’on le chasse… et c’est le cas.