Edito : Même Jean le Cam ne pourra pas nous sauver…

Arthur Le Vaillant nous livre son regard sur la course au large à la veille du départ de la Transat Jacques Vabre.

Je suis dans mon train pour Le Havre, à 2 jours du départ de la Transat Jacques Vabre. Avec une superbe équipe, nous cherchons des partenaires pour faire La Route du Rhum – Destination Guadeloupe sur un trimaran magnifique…  La course au large se porte bien, les projets sont de plus en plus nombreux à se monter, La Route du Rhum affiche complet et va même devoir refuser des candidatures. La voile est populaire, grâce en partie à nos héros du Vendée Globe. Mais nous avons un devoir de transparence sur nos impacts, de réflexion sur la mission de notre sport et des contraintes ambitieuses à définir rapidement pour ne pas exploser en vol !

Des efforts, mais…

Il y a une semaine nous avons fait une belle journée d’échanges organisée par Transat Jacques Vabre, Caroline Caron et ses équipes sur les initiatives positives existant dans notre milieu. Je retiendrai le chemin de Damian Foxall, de 11th Hour Racing Team, allouant des moyens dans notre capacité plus grande à calculer nos impacts avec la classe IMOCA Globe Series notamment. Je retiendrai le travail de Lalou Multi qui s’est attelé depuis quelques années à chercher une résine recyclable. Je retiendrai la rencontre avec Georgina, de Paris 2024 solaire, sur nos enjeux ! Je retiendrai aussi que OC Sport et Transat Jacques Vabre se sont retrouvés autour d’une table pour échanger et que la première annexe environnementale vient d’être introduite dans une course majeure ! Marie Tabarly, François Gabart, Fabrice Amadeo, Roland Jourdain, sont venus débattre, mais il y avait si peu d’équipes, si peu de Teams et de skippers présents …

Nous avons une grande difficulté à créer du collectif, à créer ce « NOUS » si essentiel pour agir pleinement et imaginer l’avenir de notre sport dans les 10 prochaines années, ensemble ! Je pense que l’on n’intègre pas bien l’urgence de nous transformer pour continuer à exister, pour être plus alignés avec l’image que nous véhiculons dans le grand public.

Bien sûr le World Sailing et la Fédération Française de Voile ont une part de responsabilité dans le peu d’actions des dernières années. J’espère que la nouvelle présidence portée par Jean-Luc Denéchau permettra d’entamer une transformation profonde de notre sport toujours plus élitiste et moins démocratique et que nous pourrons compter aussi sur Yann Rocherieux !

A l’heure de la Cop 26… le pouvoir des habitudes  en quelques exemples

Départ de la Transat Jacques Vabre

A l’heure des drones, nous continuons à faire des banques images en hélicos, là où il existe d’autres solutions. D’un côté, Kito de Pavant fait une banque image sur une falaise à Marseille grâce à Stan Thuret (Cinéaste Navigateur en drone), et de l’autre certains continuent comme si on ne pouvait pas faire autrement ! 

Agences de communication, sponsors, vous avez une responsabilité,  si les marins acceptent tout, par peur de vous perdre, soyez en avance sur eux ! Il est grand temps de se mettre au diapason de notre temps. Cela fait plusieurs années que nous le répétons…

Dimanche pour le départ des centaines de bateaux à moteur seront présents sur le plan d’eau, de nombreuses navettes à passagers suivront pendant plusieurs heures nos bateaux de courses au départ… Nous y étions il y a 2 ans avec Leyton Sailing Team, tout le monde était malade à bord ! Et j’entends que pour le départ de La Route du Rhum la demande de Ferrys est exponentielle ! J’espère que c’est une blague… 

Il existe d’autres moyens ! Réfléchissons ensemble en nous mettant ces contraintes nécessaires pour nous améliorer et progresser :
– Les voiliers, vous connaissez ? On peut faire des partenariats avec la FFV, des associations locales, et des skippers pour améliorer l’expérience.
– L’utilisation de Bio Carburant (Imogen), ainsi que des énergies électrique et hydrogène.
– Les Fans Zone peuvent être animées grâce à des “live” par drones sur grand écran.
– Les Falaises, avec un gros pull et des jumelles, offrent un magnifique point de vue sur la course.
– L’Imagination, celle qui permet de transformer nos rêves en réalité ne doit pas être mise de côté ! 

Organisateurs de courses, sponsors, agences de communications (Rivacom, Effet mer, El’do, Image 7…  Qu’en pensez-vous, on se lance ?

Retourner à l’école !

Jean Le Cam et Kevin Escoffier a l’arrivée du Vendée Globe 2020

Nous avons aussi besoin de nous former car pour être rayonnant, nous devons comprendre.
Comme le dit si bien mon ami Jérôme Cohen de Engage, il faut « mieux comprendre le monde pour mieux s’engager ». Alors je suis sûr que Cédric Ringenbach qui adore la voile serait partant pour former, avec La Fresque du Climat, l’écosystème de la course au large et en premier lieu les marins. Nous allons travailler avec Christophe Baley pour avancer avec La Vague dans la création de contenus spécifiques pour notre sport. Au même titre que nous faisons des stages de survie. Pour être aussi fort que Kevin Escoffier, nous devons faire des stages de survie aux enjeux climatiques et de biodiversités… pour les défis qui nous attendent, même Jean Le Cam ne pourra pas nous sauver ! (voir notre article Edito : cela va sans dire…)

Prenons nos responsabilités, soyons à la hauteur de la bonne image que nous véhiculons encore au sein du grand public, et arrêtons la cabale du toujours plus. Je crois très fort en notre capacité à mettre nos intelligences en commun au service de ce challenge bien plus grand que toutes les tempêtes que nous avons pu affronter aujourd’hui ! Qui nous accompagne ? 

Enfin, quelques chiffres de la conférence (source 11Hours / Route du Rhum) :
– La construction d’un Imoca, c’est environ 580 T équivalent CO2.  
– La dernière Route du Rhum pèse 145 mille T équivalent CO2.

Arthur Le Vaillant

A 32 ans, Arthur le Vaillant a déjà fait ses preuves (2ème de la transat Jacques Vabre 2017 puis 4ème de la route du rhum 2018, toutes les deux réalisées en classe 40), mais la régate n’est pas sa seule préoccupation. Membre actif du collectif La Vague et co-créateur de Sailcoop, c’est l’impact environnemental de son sport qui le préoccupe hors du plan d’eau.

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