Si vous venez de chavirer, que votre bateau dérive dangereusement vers les rochers, il y a de grandes chances que la SNSM intervienne. Mais on ne le dit pas assez : ces sauveteurs sont des bénévoles. Ce sont des marins qui veillent sur d’autres marins… Belle « initiative » pourrait-on dire. Mais cela ne devrait-il pas être le rôle de l’Etat, d’assurer la sécurité physique des hommes et femmes de mer ? Et cette action gratuite ne devrait-elle pas surtout aller de paire avec une responsabilisation de tous ?
La SNSM : une initiative nécessaire
Jusqu’au 19ème siècle, la mer est perçue comme un milieu hostile et dangereux, sans mise en place de moyens de sauvetage pertinents. Fort de ce constat, des hommes et femmes se réunissent pour créer plusieurs structures. C’est la naissance de la Société Centrale de Sauvetage des Naufragés (SCSN) en 1865 et de la Société des Hospitaliers Sauveteurs Bretons (HSB) en 1873. Plusieurs antennes ouvrent leurs portes, mais avec des moyens réduits. Ces deux sociétés vivent alors de dons et de legs.
A la suite de la 2nd guerre mondiale, en 1967, c’est la création de la SNSM (Société nationale de sauvetage en mer). A la demande des pouvoirs publics, les deux sociétés précédentes fusionnent sous un statut d’association de loi 1901, celui que l’on connaît encore aujourd’hui. Leur but : secourir bénévolement et gratuitement les personnes en mer en danger.
Les infrastructures, les moyens et les formations vont ensuite évoluer au gré des années et des drames auxquels la SNSM doit faire face. La flotte se modernise afin de mieux protéger nos chers sauveteurs, mais aussi pour être plus performant face à un nombre croissant de plaisanciers.
En bref, la SNSM, aujourd’hui, c’est plus de 218 stations de sauvetage ; chacune regroupant entre 10 et 40 bénévoles. Et pour illustrer encore un peu mieux leur action, sachez qu’en 2017, 9000 personnes ont été secourues par ces hommes et femmes, à qui nous devons beaucoup.
Assurer la sécurité physique des marins : le rôle de l’Etat ?
Comme bien d’autres services bénévoles (les restos du cœurs, le secours populaire, …), la SNSM fait partie des associations reconnues d’utilité publique. Concrètement, qu’est ce que cela veut dire ? Et bien que l’état confirme que l’action est nécessaire, mais qu’il ne le prendra pas à sa charge ou du moins pas directement. L’Etat nous tire son chapeau pour de si belles initiatives ! Génial…
Notre président l’a encore souligné lors du tragique 7 juin 2019. Ce triste vendredi, trois sauveteurs décédaient lors d’une opération de remorquage d’un chalutier. Une semaine plus tard, il déclarait : « Ce sont ces 8 000 femmes et hommes de la Société nationale de sauvetage en mer qui ne cessent de prendre des risques sur leur temps libre, oui sur leur temps libre, pour secourir et sauver les autres ». (Discours du jeudi 13 juin 2019)
La mort de ces 3 marins est à déplorer ! Et ce sont malheureusement ces tragédies qui font bouger les choses. La contribution de l’Etat dès l’année suivante (2020) a ainsi augmenté de plus de 4 millions d’euros, portant sa contribution de 6 millions en 2019 à 10 millions en 2020 (source budget SNSM 2020).
La vie n’a pas de prix
Ce titre est un bon résumé de la dynamique de la SNSM. Son essence même est de sauver les personnes en danger en mer. Et tout sera fait sans regard au coût des opérations.
Sur un autre registre, le sauvetage des bateaux en perdition est lui devenu payant depuis 1970. Dans les années 50, un « gentleman agreement » existait à ce propos. Celui qui avait sauvé un bateau, recevait une contrepartie financière, pouvant aller jusqu’à la moitié de la valeur vénale dudit navire. Avec le temps, cette « tradition » a disparu. Mais le sauvetage des bateaux en danger ne se résout pas pour autant sans le sou. Si votre bateau doit être remorqué par la SNSM, une somme comprise entre 200 et 700€ vous sera facturée en fonction du type d’embarcation.
Pourquoi imposer ce prix ?
Nul n’est sans savoir que les activités nautiques, comme beaucoup d’autres loisirs, se sont démocratisées au cours du dernier siècle. Il est de plus en plus commun de louer un catamaran, une planche à voile, un scooter des mers ou un pédalo sur la plage pour l’après-midi. Mais, force est de constater que les accidents se multiplient également. En effet, même si ces beaux sports se popularisent, la mer n’en reste pas moins dangereuse. Et de nombreux pratiquants l’oublient. Qu’il s’agisse d’une sortie sur un support de plage, ou d’une navigation hauturière, la situation peut s’aggraver très rapidement. Et lorsque cela survient, c’est la SNSM que l’on appelle au secours. Sauver un équipage en danger est une chose. Mais remorquer un bateau depuis le large jusqu’à un port en sécurité est une entreprise toute différente. Le bateau tracté met en danger la vedette des sauveteurs, sans penser au stress du barreur qui a déjà la responsabilité de ramener les naufragés et son équipe à bon port. C’est entre autres pour cette raison que ce genre d’opération est facturé.
De manière assez logique, les vies sont des objectifs plus importants que les biens matériels.
La mer est, et reste, un monde hostile. Et il n’est pas possible de s’y aventurer sans aucune précaution et sans se mettre en danger. Si vous prenez la mer, ce n’est pas seulement votre vie que vous risquez. C’est aussi celles de ceux qui viendront vous chercher, vous sauver. Et trop de personnes l’oublient. Les sauveteurs sont bénévoles. Alors c’est à nous, SEAtizens, de rester raisonnables pour ne pas les mettre en danger à tout bout de champ. Il conviendra aussi de noter que l’assistance à personne en danger est également de rigueur sur l’eau. Si chaque SEAtizen prend ses responsabilités, nous éviterons ainsi que la SNSM soit submergée.
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