Une nouvelle zone naturellement protégée, à proximité des Îles Marshall, a été découverte. Cette zone sentinelle de 48 000 km2 permet de prendre conscience de ce que seraient les fonds marins sans l’activité humaine. Un havre de paix pour de nombreuses espèces !
Un nouveau sanctuaire marin
Dans un communiqué de presse du 25 janvier 2025, le National Geographic Pristine Seas révèle que les autorités de la République des Îles Marshall ont déclaré la création d’une aire protégée sur leur territoire. Ce nouveau sanctuaire concerne deux des îles inhabitées les plus au nord de l’archipel et couvre une surface de 48 000 km2. Les atolls de Bikar et Bokak et les eaux profondes à proximité seront donc complètement interdites à la pêche, offrant un abri à toute la biodiversité présente dans la zone.

Étant donné son éloignement, ce havre de paix marin n’a jamais été impacté par l’homme et compte de nombreuses espèces marines, dont la plus grande colonie de nidification de tortues vertes du pays et des requins de haute mer.
Le Dr. Hilda Heine, présidente de la République des Îles Marshall, a déclaré que “l’océan tel que nos ancêtres le connaissaient est en train de disparaître. Sans écosystèmes océaniques durables, notre économie, notre stabilité et notre identité culturelle s’effondreront. La seule façon de continuer à bénéficier des trésors de l’océan est de le protéger”. Selon le communiqué, la politique de conservation marine des Îles Marshall s’appuie sur des idées culturelles et des connaissances traditionnelles pour stimuler la conservation. Dénommée Reimaanlok, cette politique permet une collaboration des communautés côtières pour concevoir leurs propres plans de gestion des ressources sur la façon d’utiliser durablement et équitablement leurs ressources terrestres et marines locales.
Les aires marines protégées (AMP) sont donc un moyen de renouveler la biodiversité à l’intérieur de celles-ci mais aussi de rétablir tout un écosystème hors de ces limites, favorisant les populations locales qui vivent des produits de l’océan.
Pristine Seas : des missions scientifiques pour la création de sanctuaires marins
Lors d’une expédition dans la zone des atolls de Bikar et Bokak en 2023, les scientifiques du National Geographic Pristine Seas ont pu procéder à de nombreux relevés, et effectuer des vidéos et des images. Selon Enric Sala, explorateur de National Geographic et fondateur de Pristine Seas, “les récifs coralliens de Bikar et de Bokak sont une machine à remonter le temps, c’est comme plonger dans l’océan d’il y a 1 000 ans”.
Depuis 2008, les expéditions de Pristine Seas ont aidé à la création de 29 des plus grandes aires marines protégées dans le monde. Elles couvrent un total de 6,8 millions de km2, soit deux fois la taille de l’Inde. Cependant, la tâche reste immense. Aujourd’hui ce sont à peine 8% des océans qui sont protégés et seulement 3% qui sont totalement sanctuarisés. C’est-à-dire interdits à la pêche et à toute activité humaine.

La mascarade des aires marines protégées françaises
Côté français, la question des aires marines protégées est au cœur de la politique gouvernementale du ministère de la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche. En effet, le domaine maritime français est le deuxième plus grand de la planète, après les Etats-Unis. La France a donc une responsabilité non négligeable dans la protection de la biodiversité marine. Aussi a-t-elle mis en place une stratégie fondée sur la création d’Aires marines protégées avec une ambition de couvrir jusqu’à 30% des eaux territoriales d’ici 2030. Aujourd’hui, l’objectif est déjà dépassé, se félicite le ministère. Mais qu’en est-il vraiment ?
En 2024, l’ONG de protection des fonds marins Bloom a réalisé une enquête d’envergure révélant la supercherie des AMP françaises. Selon l’association, ces aires marines n’ont de “protégées” que le nom puisque de nombreuses activités humaines sont encore autorisées, y compris la pêche au chalut qui a un effet dévastateur pour les fonds marins.
Ce reportage révèle un véritable scandale qui fait froid dans le dos. Et malgré cela, rien n’a vraiment changé, malgré les levées de bouclier de nombreuses associations pour la protection de l’environnement, dont Sea Shepherd et Greenpeace. Les bateaux-usine appartenant à des armateurs français, néerlandais, mais aussi danois, allemands ou anglais, continuent de ratisser les fonds marins de ces aires marines “protégées”, détruisant toute la vie située entre la surface et les fonds. Et ne parlons pas des autres effets dévastateurs, comme la libération du carbone capturé par les fonds marins.
Il s’agit donc d’ouvrir les yeux et de ne pas confondre la fiction et la réalité. Le projet français de protéger son domaine maritime semble être un échec d’envergure. L’appellation “Aire marine protégées” n’est plus qu’une coquille vide, rejetée à la mer parmi les milliers d’espèces indésirables capturées par erreur dans les filets d’une communication gouvernementale défaillante.
Il convient peut-être de faire preuve d’un peu de modestie, de prendre exemple sur d’autres initiatives plus respectueuses, à la fois de la biodiversité marine, mais aussi des populations côtières qui vivent grâce à la pêche artisanale.
Pour en apprendre plus sur le sujet, lire nos articles sur les aires marines protégées et sur la politique française de protection des océans.