Le chiffre du mois est terrible et nous confronte à une triste réalité. Selon le HCR (le Haut-commissariat aux réfugiés des Nations Unies), plus de 3 000 personnes sont décédées ou portées disparues durant leur tentative de traversée vers l’Europe en 2021. A titre de comparaison, ce chiffre était de 1 776 en 2020 soit une augmentation de plus de 73% en un an.
Des flux migratoires en Méditerranée mais aussi en Atlantique
Les médias relatent souvent des flux migratoires de l’Afrique du Nord vers l’Europe via la Méditerranée centrale et occidentale. C’est en effet via ces deux itinéraires que 1 924 personnes ont perdu la vie l’année dernière.
Comme nous l’avions évoqué dans notre article « migrations : routes mortelles », il ne faut cependant pas oublier un troisième couloir de la mort de plus en plus emprunté : celui de l’Afrique du nord-ouest vers les Canaries. Ce nouveau point d’entrée vers l’Europe, encore plus périlleux notamment à cause des longues distances à parcourir, représente désormais plus d’un tiers des migrants décédés avec 1 153 personnes comptées disparues en 2021.
Madame Shabia Mantoo, porte-parole du HCR, ajoute lors d’une conférence de presse à Genève : « La traversée depuis les États côtiers d’Afrique de l’Ouest, comme le Sénégal et la Mauritanie, vers les îles Canaries est longue et périlleuse. Elle peut prendre jusqu’à 10 jours. De nombreux bateaux ont dérivé hors de leur cap ou ont disparu sans laisser de traces dans cette zone maritime ».
Pourquoi les chiffres ne cessent d’augmenter ?
Le HCR recense trois facteurs favorisant l’augmentation des flux migratoires vers l’Europe et par conséquent du nombre de décès en mer :
- L’instabilité politique et les conflits
- La détérioration des conditions socio-économiques
- L’impact du changement climatique
Si l’on veut limiter les mouvements de population dans les années à venir, il faudra agir simultanément sur ces trois points. L’approche du HCR préconise également une « augmentation de l’aide humanitaire, du soutien et des solutions pour les personnes ayant besoin d’une protection internationale et les survivants de violations flagrantes des droits humains ». C’est dans ce cadre que le HCR lance une campagne dans 25 pays pour collecter 154 millions d’euros afin d’aider et protéger des milliers de réfugiés.
Les associations au secours des migrants
Comment ne pas saluer dans cet article au thème funeste le travail héroïque des associations telles que la SNSM, MSF, Sea Watch, Sea Eye, la « Migrant Offshore Aid Station » (MOAS) et bien sûr SOS Méditerranée. Sans elles ce chiffre du mois aurait été encore plus important. Depuis le début de ses opérations en février 2016, SOS Méditerranée a secouru à elle seule plus de 35 000 migrants en mer.
Nous ne pouvons accepter que des milliers de personnes meurent en mer sous nos yeux, aux portes de l’Europe, sans rien faire. Notre action de sauvetage en mer répond à un impératif moral et légal, alors qu’il est possible de sauver des vies. Il faut réunir des moyens et agir pour mettre fin à cette tragédie.
Sophie Beau et Klaus Vogel, cofondateurs de SOS Méditerranée
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Sources : https://news.un.org/, https://publications.iom.int/, https://www.sosmediterranee.fr/