Be Vegan, Be Happy

(Soyez végétalien, soyez heureux)

Déguster au restaurant un délicieux gravlax de saumon accompagné de petits légumes bio est-il plus nocif que de manger son sandwich ou sa salade industrielle quotidienne au thon ? Seatizens se penche sur la question.

Gravlax de saumon
Gravlax de saumon, source Marmiton

La tendance au bio

Alors que la consommation par ménage des produits biologiques à augmenté de 876 millions d’euros entre 2010 et 2020, l’effet covid a encore augmenté cet effet. Les Français recherchent une meilleure alimentation (locale, bio, responsable, sans OGM) pour leur santé. Qui n’a pas vu au supermarché des consommateurs scanner des produits avec leur téléphone ? Ils sont simplement en train de rechercher les produits alimentaires et cosmétiques sans perturbateurs endocriniens ni additifs. Mieux manger, mieux vivre, être en bonne santé.

Légumes bio
Fruits et légumes bio, source : entreprise.mma

Cependant, plusieurs études viennent casser les mythes de cet idéal alimentaire. 60 millions de consommateurs a notamment publié un article expliquant que le bio n’était finalement pas si bio. 

Le plus souvent, les pesticides sont pulvérisés sur les plantes et le sol sous forme liquide. Une partie du produit épandu atteint réellement la cible visée, l’autre partie va se répandre dans le sol par diffusion, mais aussi par ruissellement et par le vent. Jusqu’en 2009, l’épandage pouvait même se faire par voie aérienne, le vent pouvant entraîner jusqu’à la moitié du produit en dehors de la zone à traiter, jusqu’à presque 1km par des vents de 1-km/h par exemple. Alors même si un agriculteur n’utilise pas de pesticides, ces produits nocifs utilisés sur les terrains non-bio ne vont pas s’arrêter aux limites de leurs terrains… 

Ajoutons à celà que des plastifiants ont été retrouvés dans des bouteilles d’huile d’olive bio, que les fruits et légumes bio sont vendus sous plastique et suremballés, et que même la charcuterie bio contient du nitrite et nitrate pourtant classés comme cancérigène. Autre non-sens : dans le poisson pané bio, seule la panure du poisson pané bio est bio, le poisson étant sauvage.

Concernant les poissons, un poisson bio est un poisson d’élevage issu de l’aquaculture certifiée bio. Or, les poissons bio d’élevage ne sont pas forcément si biologiques, comme dans le cas du saumon.

Le saumon, poisson favori des français

Poisson gras emblématique de la Norvège, c’est aussi un des poissons favoris des français. Facile à cuisiner et sans arête, il a une très bonne réputation auprès des français. En effet, en 2021 la Norvège a exporté 118 000 tonnes de saumon vers la France, sous différentes formes (frais, fumé et surgelé). 70% de la consommation de saumon en France provenait des fjords norvégiens. Pourtant, les élevages norvégiens sont pointés du doigt pour leur impact environnemental et sanitaire.

L’environnement aquatique est contaminé par les polluants organiques persistants (PCB – polychlorobiphényles –, dioxines, …) et les métaux lourds, qui vont être stockés dans les tissus adipeux du saumon, dont le mercure, qui est un neurotoxique. Et nous mangeons du saumon, donc absorbons ces métaux lourds… c’est ce qu’on appelle communément la chaîne alimentaire.
Les saumons d’élevage sont nourris avec des farines et des huiles de poisson provenant de poissons sauvages contaminés au PCB. Alors que l’utilisation d’ingrédients d’origine végétale pour nourrir les saumons d’élevage contribue à diminuer la contamination, les saumons biologiques sont plus contaminés que les saumons non biologiques d’élevage, car le cahier des charges du bio impose une part d’alimentation à base de farines ou huiles de  poissons sauvages. Et ces poissons, que l’on trouve en mer, sont aussi chargés de ces toxines.

Fermes de saumons d'élevage
Fermes de saumons d’élevage, source : Eksfin

Thon au mercure ou mercure au thon au menu ?

Le thon mariné et grillé au barbecue, le thon dans la salade, le thon dans le sandwich… ce petit poisson qui ajoute du goût au quotidien. Selon France AgriMer, chaque français consomme en moyenne 4.9 kg de thon par an.

En octobre 2024, deux ONG, Bloom et Foodwatch, ont révélé que les boîtes de thon étaient contaminées au mercure, en Europe. Dans le saumon, dans le thon, oui l’environnement aquatique est pollué par l’une des dix substances les plus préoccupantes au monde, le mercure, puissant neurotoxique. De faibles doses de mercures consommées régulièrement peuvent entraîner des troubles du développement neuronal chez l’enfant et attaquer le fonctionnement cérébral chez l’adulte.

Les deux ONG soulèvent un point crucial : le taux maximal de mercure acceptable est imposé par la norme européenne, et étonnamment, ce taux varie selon les espèces de poissons. Par exemple, pour le lieu jaune et le cabillaud, le taux de mercure ne doit pas excéder 0,3 mg par kilo. Pour le thon, la norme impose un taux maximal de mercure de 1 mg par kilo !

Dans son enquête, l’ONG Bloom a analysé 148 boîtes de thon achetées en Europe (France, Allemagne, Angleterre, Espagne et Italie). Les résultats ont montré qu’elles étaient toutes contaminées. Dans plus de 50% des boites, la teneur en mercure était supérieure à 0.3 mg par kilo (la limite autorisée pour les autres poissons). La concentration de mercure la plus élevée a été relevée à 3.9 mg / kilo, soit presque 4 fois supérieure à la norme européenne pour le thon et 13 fois supérieure à celle pour le lieu jaune et le cabillaud.

Alors, pourquoi le taux maximal de mercure autorisé varie-t-il selon les espèces de poisson ? L’enquête de Bloom dévoile que les teneurs maximales en mercure des thons ne sont pas fixées dans l’objectif de protéger la santé humaine. Au contraire, les pouvoirs publics européens partiraient de la contamination réelle en mercure des thons pour établir un seuil qui assurerait la commercialisation de 95% d’entre eux.

Thons chargés au mercure
Thons chargés au mercure, source : ird Le Mag

L’activité de l’humain mis en cause

Le mercure est naturellement présent dans la croûte terrestre mais les activités humaines telles que l’exploitation minière et la combustion de fossiles ont entraîné une pollution mondiale et généralisée par le mercure. Le mercure émit dans l’air finit par se déposer sur le sol et dans l’eau et se propage. Certains micro-organismes peuvent le transformer en méthylmercure, une forme hautement toxique qui s’accumule dans les poissons, crustacés et autres animaux qui s’en nourrissent.

Les résidus de pilules contraceptives, d’antibiotiques, d’anti-dépresseurs, de substances pharmaceutiques, cosmétiques et même de stupéfiants rejetés par les hommes et femmes passent au travers des filtres des stations d’épuration des eaux usées et finissent dans les rivières. Les perturbateurs endocriens contenus dans ces résidus seraient responsables de changements de sexe chez les poissons.

Pollution plastique
Le fléau du plastique, source : WWF

Une alerte sur l’impact de notre comportement sur notre santé

Parce que notre santé est impactée, celà commence enfin à alerter. La ministre de la santé évoque une responsabilité partagée, entre conformité des produits, contrôles et normes. Mais le fond du problème ne serait-il pas la pollution causée par l’activité humaine ? A nous de nous soucier de ce que nous avons dans l’assiette ! 
Et si la solution consistait à devenir végétalien ? Une méthode simple pour ne pas s’intoxiquer ni faire souffrir les 90.3 millions de tonnes de poissons (dont 323 000 tonnes débarqués en France en 2023) qui ne demandent qu’à rester au fond des mers.

Sculpture à base de plastique
Sculpture réalisée à base d’éléments en plastique, à Helsingør au Danemark, source : science.org

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