Course au large : suite de « l’affaire Clarisse Crémer ». Débarquée par son sponsor pour cause de maternité : la Banque Populaire vient d’annoncer renoncer au Vendée Globe 2024 face au tollé général.
On l’oublie parfois un peu trop : les entreprises qui sponsorisent les évènements sportifs ne le font pas pour la beauté du sport ou parce que « l’essentiel est de participer ». L’objectif reste et restera toujours de s’offrir une belle image positive et – dans le cas de la course au large – de se donner une caution « écologique » toujours bonne à prendre dans cette période de questionnement générale sur l’avenir de notre petite planète bleue. Mais en termes d’image, les communicants de Banque Populaire, se sont très largement plantés (il n’y a pas d’autres termes) en débarquant leur skippeuse maison…
Petit rappel des faits
Février 2023 : Clarisse Crémer lance un cri du coeur mais aussi de rage sur ses réseaux sociaux en annonçant être débarquée par son sponsor. En cause, sa soi-disant incapacité à se qualifier pour le Vendée Globe 2024 suite à sa maternité (pourtant clairement annoncée à son sponsor avant qu’il ne renouvelle son contrat pour l’édition 2024 du Vendée Globe). Voir notre article ici.
Dans la foulée, le sponsor, rapidement rebaptisé la Banque (im)Populaire sur les réseaux sociaux subit une tempête médiatique sans précédent dans le petit milieu bien policé de la course au large. Des pétitions sont mises en ligne (dont l’une atteint les 40 000 signatures à l’heure d’écrire cet article – n’hésitez pas à la signer ici).
Le retrait de Banque Populaire
Finalement, le 17 Février, le sponsor met un terme (provisoire?) à la polémique avec ce communiqué dont la dernière phrase laisse rêveur : « Banque Populaire considère aujourd’hui que les conditions ne sont plus réunies pour pouvoir aborder sereinement le Vendée Globe et annonce son retrait de l’édition 2024. Banque Populaire regrette la situation actuelle et comprend l’émotion qu’elle a suscitée auprès du public. (…) Banque Populaire poursuivra activement son implication dans les travaux qui permettent de faire progresser la place des femmes dans le sport et notamment dans la course au large ».
En quelques lignes, le sponsor met donc fin à plus de dix ans de présence sur la plus mythique des courses au large pour n’avoir pas anticipé que la société de 2023 n’accepterait pas la mise à l’écart d’une femme qui a choisi d’être professionnelle ET maman.
On passera sur le fait que, des organisateurs du Vendée Globe, qui ont changé les règles de sélection pour l’édition de 2024, aux dirigeants du Team Banque Populaire en passant par le board de la banque ou de la Classe IMOCA (les bateaux du Vendée Globe), on ne trouve pratiquement que des hommes. Car même des hommes peuvent – me semble-t-il – comprendre et aménager des règlements injustes dans un des rares sports où hommes et femmes sont à égalité sur une ligne de départ.
Manifestement, pas dans la voile, pas dans la course au large, pas en 2023. En 17 jours, soit le temps entre le communiqué débarquant Clarisse Crémer et celui annonçant le retrait du sponsor de la course Vendée 2024, la banque vient de perdre son image positive construite patiemment après 30 ans de sponsoring voile et accessoirement quelques millions d’euros. Le sponsor préférant en effet abandonner son projet alors qu’il a acheté l’un des bateaux les plus rapides de la flotte pour sa skippeuse officielle il y a seulement quelques semaines.
Bref, un gâchis colossal.
Et les gars ? Le monde d’après, c’est pour quand ?