Alors que l’avion est devenu un moyen de transport quotidien pour beaucoup, certains le remettent de plus en plus en question. Le train, la voiture ou le tourisme local sont les voies alternatives de ces sceptiques du transport aérien. Parmi eux, un groupe grandissant de personnes développe une alternative pour les trajets nécessitant la traversée d’une étendue d’eau. Il s’agit de Sailcoop. Arthur le Vaillant et Maxime de Rostolan [2 des fondateurs de Sailcoop ndr.] nous ont partagé leur vision de ce projet.
Voyager au rythme de la nature
A travers Sailcoop, le but est de reprendre le temps du voyage. C’est l’éloge du chemin parcouru autant que la destination atteinte. Avec l’accélération du monde, nous sommes en quête de vitesse absolue. On doit pouvoir aller plus loin plus vite. Et bien Sailcoop, c’est reprendre conscience du temps des distances à traverser. C’est ré-apprendre à vivre autrement, à contempler, à expérimenter, à naviguer. C’est voyager en fonction des saisons, de la météo. On retrouve cette dynamique d’être en adéquation avec la nature et en sachant que c’est elle qui gagne toujours.
C’est également ré-intégrer le coût du voyage. Aujourd’hui, nous pouvons trouver des billets d’avion à 30€ pour aller à l’autre bout de l’Europe. Mais ce n’est pas le vrai coût du trajet. Derrière ces prix très bas se cachent des subventions que certaines destinations versent aux compagnies aériennes pour rendre leurs territoires plus touristiques. Sans parler du fioul détaxé de l’aviation, qui représente une véritable concurrence déloyale.
Chacun de leur côté, Arthur et Maxime ont toujours eu conscience que les bateaux de course pourraient avoir plusieurs vies. Les bateaux qui trainent dans les ports sont des bons coursiers. Ce sont des bateaux légers et qui vont vite. Toute la question est de savoir comment on ré-équipe ces bateaux pour un nouveau programme.
Arthur : « De mon côté, c’est un post de Maxime qui m’a relancé dans cette idée avec cette question : Si nous ne prenons plus l’avion, comment fait-on ? Et bien Sailcoop est une réponse à cette question. »
Un premier bateau pour une flotte en expansion
Arthur : « Nous avons lancé une campagne de financement participatif sur Lita. Le but est de constituer une première flotte de bateaux pour les trajets vers la Corse qui débutent ce mois de Mai [Les préventes sont déjà ouvertes ndr.]. L’objectif est également de diversifier les sociétaires souhaitant s’impliquer et faire grandir le projet. Dans Sailcoop, peu importe que tu mettes 10€ ou 1 million. Au bout du compte, ta voix comptera pour une voix. Cela donnera la liberté aux différentes parties prenantes d’être force de proposition pour de nouvelles lignes pertinentes ».
Pour le moment, Sailcoop a déjà à sa disposition Belle Aventure, un Bavaria de 50 pieds. Et ils visent une flotte de 3-4 bateaux d’ici la fin de l’année. Pour les trajets vers la Corse, il y aura environ 2 allers-retours par semaine et 10 à 14 personnes par bateau. Le trajet durera à peu près 24h et coûte 180€ par personne. Bien sûr, le but est d’arriver à faire descendre les prix avec l’augmentation de l’activité.
Ensuite les trajets se feront également en fonction des saisons et de la météo. L’hiver, il y aura moins de volume pour aller en Corse que l’été. A partir d’octobre, ce sera des destinations transatlantiques vers les Amériques. Puis des trajets dans les caraïbes. Et enfin des transatlantiques retour.
Le fond du projet, c’est bien sûr d’aller d’un point A à un point B. Ce point de vue ne rentre pas dans la catégorie des « croisières ». Et les retours sont positifs ; il y a des milliers de personnes qui contactent l’équipe car ils souhaiteraient essayer.
Un futur plus large
Arthur : « Dans un deuxième temps, nous aimerions également créer des lignes vers les îles où le trafic est important (Quiberon-Belle-île, Barcelone-Ibiza, …). L’objectif serait d’avoir des navettes alternatives, à la voile.
Sur ces questions du long terme, nous nous posons également la question des nombreux propriétaires souhaitant mettre leurs bateaux à disposition. Cela peut être une bonne idée. Mais il est important de définir un cadre cohérent en terme de sécurité et de logistique pour une telle option.
Il y a également le sujet des personnes n’ayant pas les moyens de voyager ainsi. Quand tu es étudiant et que tu as 10€ en poche, tu ne peux pas te permettre cela. Nous réfléchissons donc là-dessus ; sur la manière dont tu gères les rencontres, sur l’expérience que les personnes vont être amenées à vivre ensemble.
L’idée est enfin et surtout de réfléchir à du tourisme durable, Nous sommes pour le voyage et pour que les gens voyagent autant qu’ils le veulent. Mais pas comme avant. Il est nécessaire de voyager différemment, en prenant compte de la limite du système. Nous sommes pour la rencontre des cultures, des peuples. Mais pour réussir à faire cela bien, il faut créer des alternatives. Et c’est ce que nous souhaitons faire à travers Sailcoop. Pour le moment, nous lançons l’activité avec la ligne vers la Corse. Cela va également nous permettre d’ajuster notre offre en fonction des retours clients.
Pour conclure, Sailcoop, c’est le souhait de remettre la voile au centre des débats. »
Pour aller plus loin sur le transport à la voile, vous pouvez également lire notre article sur la propulsion des navires par le vent.
