Les propriétaires de bateaux ou simples plaisanciers le savent, l’antifouling a un fort impact sur l’environnement dans le monde marin. Et pour cause, afin d’éviter que le riche écosystème des océans élise domicile sous notre cher bateau, on le badigeonne de biocide ou « antifouling »… C’est le traitement à l’ancienne. Heureusement, de nouvelles alternatives pointent le bout de leur nez. Finsulate en fait partie.
Les antifouling classiques
Parmi les peintures antifouling – ou peintures sous-marines comme les appelait Moitessier – on distingue deux types : les matrices dures et celles érodables. Ce sont toutes deux des biocides, mais qui fonctionnent différemment. L’antifouling érodable est constitué d’une résine soluble dans l’eau. Ainsi, dès la mise à l’eau, la couche d’antifouling s’érode graduellement au gré des frottements de l’eau. Il y a donc un renouvellement continu de la couche active sur les œuvres vives [ndlr. partie immergée du bateau]. Les matrices dures, quant à elles, sont insolubles dans l’eau. C’est alors la forte teneur en biocides et la diffusion constante qui font le travail. Mais dans les deux cas, il y a rejet de biocides directement dans l’eau.
Finsulate
Fort de ce constat, plusieurs innovations ont vu le jour (protection par ultrasons, nettoyage à flot de la coque nue, etc …). Parmi ces dernières, on compte l’entreprise Finsulate, dont le nom tire son origine du jumelage de Fiber et Insulation. Elle s’appuie sur du bio-mimétisme, en reproduisant le comportement des épines d’oursins, où les coquillages ne peuvent s’accrocher. Ce projet a vu le jour aux Pays-Bas à l’Université technologique de Delft. C’est au cours de son Doctorat que Rik Breur l’a développé. En premier lieu, le procédé consistait à un flocage électrostatique de fibres de nylon. Et il avait été mis en place en pisciculture sur des filets. C’était il y a 20 ans. Et pour les petits curieux, le procédé fonctionne toujours aussi bien !
Et pour l’application au nautisme ?
L’aventure Finsulate a commencé il y a 10 ans dans le nautisme. Concrètement, l’idée novatrice suite aux recherches de Rik Breur fût de projeter cette fibre électrostatique directement sur un film, simple d’application sur une coque. Ce film se présente sous forme de longs rouleaux de 70cm de large qui sont appliqués sur la coque. Tout l’art du processus consiste donc à découper ces bandes suivant la forme de la carène, puis de les maroufler avec amour. Pour la mise en place, nous vous laissons comprendre en image.
Tout d’abord, un primaire époxy est appliqué sur l’intégralité de la coque. Ce primaire sert d’accroche pour la colle. En effet, les bandes de moquette, fourrure ou autres appellations que vous lui trouverez se composent d’une bande collante qui vient polymériser avec le primaire bi-composant posé auparavant sur la coque. Si vous vous demandez pourquoi il y a des tâches grises, vous demanderez à Toto pourquoi il n’a pas fait attention à la couleur en achetant deux pots du « même produit ».
Dans un deuxième temps, des bandes de 10 cm sont placées à la ligne de flottaison, au dessous de coque et à l’entourage de la quille et du safran. Cela permet de diviser le bateau en différentes zones qu’il faudra ensuite remplir.
Dans un troisième temps, le film est mis en place au fur et à mesure depuis la poupe vers la proue. En fonction du caractère développable ou non de la coque [ndlr. capacités de la forme de carène à s’aplanir dans un plan unique], le travail est plus ou moins ardu.
Une fois les bandes positionnées, chacune est marouflée avec soin pour chasser les bulles d’air.
Les excédents et raccords sont ensuite découpés à l’aide d’un cutter. C’est un travail de patience et de précision.
Et finalement le résultat impressionne autant qu’il dénote parmi les autres bateaux du chantier.
Une fois le bateau revêtu de sa nouvelle robe, il peut être remis à l’eau. Que se passe-t-il alors ? La carène est recouverte du Finsulate. Elle possède donc, comme des poils microscopiques qui empêchent les algues de venir s’accrocher. C’est toute l’innovation du Finsulate, il agit de manière mécanique et non chimique.
Le Finsulate a une longue durée de vie. L’entreprise affiche une tenue de 5 ans. Il est à noter qu’au bout de 5 ans, plusieurs plaisanciers affirment que le film est toujours en place et fonctionne encore. Au moment de la pose initiale, l’entreprise vous fournit également quelques morceaux supplémentaires, en vous expliquant comment l’appliquer. Ceci permet de rattraper d’éventuels accrocs s’il vous arrive de passer trop près d’un ponton ou d’un rocher.
En terme d’entretien, il est nécessaire de nettoyer sa coque deux fois par an. Pour cela, enfilez votre combis, munissez vous de la raclette ou de l’éponge fournie par Finsulate et profitez d’une jolie baignade ; choisissez bien votre mouillage ! Cet entretien est nécessaire car il se peut qu’une fine couche de gras se dépose sur votre carène, empêchant l’action du Finsulate.
Côté budget, le Finsulate est affiché à 100€ HT du m2 posé. Oui, ce n’est pas donné au premier coup d’œil. Mais si on fait le bilan sur 5 ans, pas besoin de sortie d’eau, ni du classique décapage de la coque et repose d’un nouvel antifouling, on y trouve son compte.
Plaisanciers : réfléchissez donc ! Un investissement, certes, mais pour du long terme ! Et à la clé, le plus important, un océan plus propre et un écosystème marin en meilleure santé.
Et puis, entre nous, un bateau dont la coque ressemble à une planète d’une autre galaxie, ça claque un peu quand même !